Sur les pas du poète …
Visitant Meung-sur-Loire, arrivant depuis le quai du Mail, vous tombez nez-à-nez avec une statue de pierre au nom de Jehan de Meung. Pour se lancer sur les traces de ce personnage, il faut remonter les siècles pour l’an 1240.
Sous le règne de Saint-Louis, en l’an de grâce 1240 naquit Jehan de Meung. Comme son nom de famille l’indique il est natif de la commune de Meung-sur-Loire.
S’il a vécu sa prime jeunesse à Meung, il est bien difficile d’en trouver la trace et pourtant … la place du Martroi nous offre une plongée vers l’époque de Jehan.
L’on y découvre la Collégiale Saint-Liphard. Elle est bâtie sur l’ermitage de Liphard qui y trouve refuge au VIème siècle, s’en suivra une évolution du lieu toujours occupé. Au XIIIème siècle, l’église a déjà la forme et le plan qu’on lui connait actuellement et l’on peut aisément supposer qu’il fut baptisé dans ce lieu.
Deuxième arrêt au Château de Meung-sur-Loire. Il fut la résidence d’été des Évêques d’Orléans mais à l’époque de Jehan, Meung est la ville d’un évêque d’où le besoin d’un palais épiscopal. La Tour Manassès de Garlande posée contre la collégiale était déjà sous les yeux de Jehan mais à l’époque de sa jeunesse, l’évêque commence la construction d’un palais épiscopal plus digne de sa condition, une partie de celui que l’on connait actuellement.
Avant de quitter Meung, il vous faut passer par la place du Maupas et y découvrir le buste du poète érigé en 1905.
Revenons à Jehan, naissant à Meung-sur-Loire il semblerait qu’il fréquente l’université de Paris, ce qui indiquerait qu’il provient d’une famille issue de la noblesse ou alors qu’il fut ecclésiastique, les informations manquent et les historiens sont partagés sur notre poète.
Jehan sera surnommé « Clopinel » du fait qu’il aurait eu un problème avec une de ses jambes.
L’on ne sait que peu de chose sur sa vie, seule certitude il fut poète, écrivain et traducteur, ses écrits et impressions de livres conservés dans les archives permettent de l’affirmer. L’enfant de Meung est donc un érudit qui a des connaissances suffisantes pour traduire Végèce. Jehan de Meung est en partie resté dans les mémoires pour cette traduction du traité de Végèce (écrivain romain du IVème siècle avant JC) concernant l’art de la chevalerie.
Il semblerait qu’il soit aussi à l’origine d’une version des lettres d’Abélard et d’Héloïse, montrant le spectre des intérêts de l’érudit.
Jehan de Meung laissera son empreinte dans l’histoire grâce au Roman de la Rose.
« Cy est le Romant de la Rose
Où l’art d’amours est toute enclose. »
- Guillaume de Lorris
Le Roman de la Rose est sans doute l’un des plus grands succès littéraires de sa parution jusqu’à la Renaissance. En effet, il semble en exister nombre de manuscrit de ce texte parmi ce qui nous est parvenu. L’œuvre est écrite sous le règne de Saint-Louis. L’œuvre est rédigé par Guillaume de Lorris au début du XIIIème siècle, il meurt en 1260 avec la seconde partie de l’œuvre inachevée.
Jehan de Meung va poursuivre l’œuvre. Malgré tout, il semblerait que Guillaume de Lorris aurait écrit la seconde partie mais Jehan va tout de même reprendre l’œuvre et écrire la seconde partie que l’on connait actuellement : « Je suis maistre Jehan de Mehun - Qui par mains vers, sans nule prose ; - Fis cy le romant de la Rose. » - Honoré Bonet, 1393
Le Roman de la Rose est un très long poème qui conte l’histoire romanesque d’une jeune fille aimée par un jeune homme. L’écrit médiéval est bien entendu misogyne mais laisse apercevoir les tourments de l’amour pour le jeune homme.
La première partie, écrite par Guillaume de Lorris à partir de 1237, décrit la quête, l’épopée du jeune homme pour conquérir la jeune femme, l’art chevaleresque y est palpable et la fin s’en trouve agréable.
La seconde partie, écrite par Jehan de Meung à partir de 1270, est plus sombre et plus complexe. L’Amant est expulsé du jardin merveilleux et doit reconquérir sa belle, sa rose. L’on a ici un « catalogue » de beaucoup des aspects qui composent les sentiments allant de la chaste et douce amitié vers la vie conjugale. Le Roman de la Rose termine sur la défloration de la jeune fille étant sans doute vue comme la réussit ultime du jeune amant.
Il se sert également de son œuvre pour venir faire la critique du Clergé (ordres monastiques, frères, sœurs, Saint-Siège) et la royauté. Finalement, Jehan sous sa poésie va tenter d’aller au-delà des apparences de la nature humaine et de brosser le portrait de ses intimes caractéristiques allant de la bonté de l’âme à la misogynie la plus pure.
Cette seconde partie est moins marquée médiévale et troubadour que la précédente mais peut-être plus contestable … et sera contestée par Christine de Pizan au XVème siècle qui en dénonce la vulgarité et la misogynie prétendue.
La vie de Jehan de Meung, sans doute issu de l’aristocratie locale, aura été consacré à la poésie et à l’étude des Hommes. Il quitte ce monde en 1305 à Paris.
Chronique écrite par Pépite. Découvrez les autres chroniques de Pépite.
Jean de Meun, Jehan de Meung, Jean de Meung ou Jean Chopinel, Jean Clopinel (vers 1240 à Meung – vers 1305 à Paris) est un poète français du xiiie siècle, connu surtout pour sa suite du Roman de la Rose.
Nom : Jehan de Meung
Surnom : Clopinel
Naissance : 1240
Mort : 1304