Tours est à notre époque une ville bien établie au sein de la France. Il faut avouer que ce ne fût pas toujours le cas. Tours deviendrait-elle véritablement française pendant le règne de Clovis ? L’Histoire semble nous le raconter mais peut-on se fier à ce que l’on sait de l’Histoire …
Toujours est-il que le règne de Clovis jouit d’une aura presque légendaire, et notamment son baptême, alors que l’on ne connaît que peu de documents ayant survécu à son règne … Pour connaître son règne, il faut se plonger dans les chroniques. L’on doit à un Évêque de Tours, Grégoire de Tours, l’histoire du règne de Clovis.
Clovis, Roi des Francs Saliens
Clovis naquit vers 466. Il est le fils du Roi Childéric Ier de la Reine Basine de Thuringe. Son père règne sur le Royaume des Francs saliens, autant dire fort peu de territoire qui correspond à une partie de la Belgique et plus précisément la cité de Tournai, de Cambrais et le flanc de mer. N’oublions pas qu’à cette époque les Rois sont nombreux. En effet, le titre de Roi ne vaut guère plus que celui de chef de guerre ou de chef de clans.
Il hérite de la Couronne des Francs saliens à la mort de son père en 481.
Les Francs sont une peuplade venue de l’est et qui seront longtemps au service des Romains présents dans la région. Avec la chute progressive de l’Empire Romain, les « petits royaumes » ont le champ libre pour agrandir leur territoire. Ainsi, Clovis hérite d’un territoire qui va d’Amiens à Reims. Sa vie durant, il n’aura de cesse d’agrandir son pouvoir et d’être plus puissant que ses voisins. Il veut sans doute créer le royaume le plus puissant du monde connu.
En 490, il conclut une alliance avec le Roi Théodoric qui règne sur l’Italie et qui épousera, en 492, Audoflède, la sœur de Clovis. Parallèlement, Clovis prend en secondes noces, Clotilde la nièce de Gondebaud, le Roi des Burgondes.
Renforcé par ses alliances, Clovis peut attaquer pleinement la Thuringe. La mère de Clovis étant de ce pays, il peut le prendre par la force tout en ayant une filiale légitimité afin de limiter l’expansion d’un voisin gênant.
Dans la foulée, en 498, Clovis est baptisé à Reims. Ce faisant, il épouse une religion qui fût majoritaire dans l’Empire Romain et lui permet de pouvoir régner en ayant pas affaire à des troubles religieux.
Malgré tout, le véritable but de Clovis réside dans une expansion vers le sud et lorgne vers le royaume de son ennemi : Alaric, le Roi des Wisigoths.
Clovis et les Wisigoths
Les Wisigoths ont un important territoire et sont une force militaire majeure qu’il ne convient de pas prendre à la légère. Tours et Bourges font par de ce royaume tout comme une grande partie de l’actuel sud de la France.
Les rapports entre les royaumes ne furent jamais bons et pourtant, Alaric est le beau-fils du Roi des Ostrogoths, Théodoric, le beau-frère de Clovis, et surtout un Roi ayant une grande influence. Théodoric décide de tenter d’apaiser les choses en écrivant à chacun des trois rois en liste pour la guerre. La menace a de l’effet : Clovis et Alaric se rencontrent à leur frontière sur l’Île d’Or, à proximité d’Amboise, et promettent une « alliance éternelle ».
Clovis promit par obligation mais Alaric devait redouter le conflit avec son voisin car il s’appliqua à une plus grande tolérance envers les catholiques, il instaure de nouvelle lois « le « Bréviaire d’Alaric »).
Pendant ce temps, en 506, Clovis négocie une alliance avec l’empereur d’Orient Anastase qui veut, quant à lui, prendre l’Italie à Théodoric.
Clovis lance les hostilités, en 507, et entre dans le royaume d’Alaric. Les Francs combattent au côté des Burgondes alliés contre les Wisigoths de confession arienne (une branche radicale de la religion chrétienne). Ainsi au-delà de l’expansion territoriale se joue également à cette époque, l’expansion du catholicisme et de par-là l’émergence de la période médiévale.
Ayant passés la Loire, les troupes de Clovis entrent à Tours. Le Roi leur ayant demandé de ne pas s’en prendre à la bonne ville de Saint Martin, leur passage fût agréable pour les soldats et les tourangeaux, ils étaient des catholiques qui se rassemblaient enfin sous la même bannière, avec un seul Roi.
Clovis pouvait compter sur les fidèles catholiques et il le savait … arrivée à proximité de Poitiers, le feu sortant de la basilique Saint-Hilaire fût un signe important pour le moral des troupes et ouvrant la voie.
Nous sommes donc au printemps 507, l’armée d’Alaric est en vue. Clovis lance l’attaque et finit par prendre l’avantage et tuant de ses mains le Roi Alaric, seul Amalric réussit à s’enfuir au sud du royaume de son défunt père. Une seule bataille, la victoire de Vouillé, aura suffi pour offrir la moitié du royaume aux Francs saliens qui sont bien accueillis.
Une année supplémentaire sera nécessaire pour que le royaume Wisigoths soit réduit à néant par Clovis et les Burgondes.
Clovis et la cérémonie de Tours
Alliant tantôt la violence et tantôt la ruse, il aura fallu deux années à Clovis pour agrandir considérablement son royaume.
Grégoire de Tours commentera l’expansion de Clovis en des termes peu élogieux : « Ainsi, Dieu prosternait chaque jour ses ennemis sous sa main qui agrandissait son royaume parce que Clovis marchait d’un cœur droit devant lui et faisait ce qui plaisait aux yeux de Dieu … ».
De la Belgique à l’Aquitaine, Clovis réunit les Francs saliens qui deviennent une véritable Nation partageant des coutumes semblables mais surtout une religion commune : le catholicisme.
Ce faisant, Clovis se dresse comme l’héritier de l’Empire Romain au niveau militaire et sociétal.
Il est l’Héritier de l’Empire Romain en titre car l’Empereur romain d’Occident Anastase lui confère le titre de Consul, lors d’une cérémonie organisée dans l’importante ville chrétienne, celle de Saint-Martin, à Tours.
Devenir Empereur Romain d’Occident n’est cependant pas réalisable, il faudrait faire tomber ses alliés les Burgondes puis les Ostrogoths et éviter une trop grande mainmise de l’empire Romain d’Orient … l’État que Clovis à créer n’est pas une réminiscence mais la création d’une nouvelle entité.
La belle ville de Tours ne faisait que démarrer sa belle et longue histoire avec cette cérémonie honorant Clovis.
Chronique écrite par Pépite 1991
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