Richelieu et son Cardinal

Richelieu, un cardinal

Le 9 septembre de l’an de grâce 1585 naquit, à Paris, Armand Jean du Plessis. Il est le fruit de la noblesse de robe et d’épée. Sa mère, Suzanne de La Porte, est la fille d’un avocat du Parlement. Son père, François du Plessis, est le seigneur de Richelieu occupant la charge de Grand Prévôt de France (responsable de l’ordre à la Cour, il peut mobiliser les troupes de la Maison du Roi). Soldat, il fut aux côtés d’Henri III lors des guerres de Religion et sera Capitaine de la garde d’Henri. Il meurt alors que son fils n’a que 5 ans. Le jeune Armand est titré marquis du Chilou, dont il subsiste un Château situé entre Tours et Poitiers. Le jeune garçon est donc dès son plus jeune âge un seigneur du Val de Loire.

A la faveur du Roi Henri III, sa famille a reçu l’Évêché de Luçon dont son frère ne veut pas. Ainsi, bien que n’ayant pas la vocation religieuse, il commence des études de théologie en 1605. Il obtient son doctorat à la sorbonne en 1607. Enfin, le Roi Henri IV le nomme Évêque de Luçon le 18 décembre 1606.

Son ascension a lieu à la faveur de Marie de Médicis devenue régente à la suite de l’assassinat du Roi Henri IV. En 1615, il devient le grand aumônier de la Reine Anne d’Autriche, puis il accède à la fonction de Secrétaire d’État aux Affaires Étrangères en 1616. Il fait donc partie des favoris de la Régente et de son Ministère.

L’horizon s’assombrit pour l’Évêque de Luçon alors que Concino Mancini est exécuté sur ordre du Roi Louis XIII. La disgrâce tombe, Armand est banni pour Avignon en avril 1618. Le 22 février 1618, Marie de Médicis s’échappe du château de Blois, sa résidence-prison, et va servir d’intermédiaire avec le Roi.

Marie de Médicis parvient à obtenir du Pape Grégoire XV, que Richelieu devienne Cardinal. Le 29 avril 1624, le Cardinal de Richelieu est appelé à rejoindre le Conseil du Roi par Louis XIII, à ce moment apparaît l’animal politique dont l’Histoire a conservé la souvenance.

Alors que la Cardinal obtient la confiance du Roi avec une ambition forte pour le Royaume, la Reine mère qui ne voit pas d’un bon œil l’action du Cardinal à l’encontre de la puissance des Habsbourg tente de la destituer. Le Roi choisit d’accorder sa confiance au Cardinal à l’encontre de sa propre mère, les évènements des 10 et 11 novembre 1630 qui confirme Richelieu dans sa puissance son nommé la Journée des Dupes.

 

Richelieu, la fondation d’une cité

A la suite de la Journée des Dupes, la position de Richelieu auprès du Roi est acquise. Il obtient par lettre patente du Roi Louis XIII l’autorisation d’édifier sur ses terres familiales « un bourg clos de murailles et de fossés et de bâtir une halle ». De plus, il obtient du Roi que son domaine se « transforme » en un Duché-Pairie. Ce faisant, il va exploiter les faiblesses, notamment financières, des seigneurs voisins pour racheter des terres et accentuer la puissance du Duché.

Mais pour passer de seigneur de Richelieu à Duc de Richelieu il convient de bâtir.

Pour un projet modeste qui va devenir grandiose, il faut un architecte : Jacques Lemercier. L’idée est de bâtir la cité idéale pour rendre gloire et honneur à la monarchie française. Deux chantiers débutent donc : la ville et le château.  Le Roi Louis XIII fut favorable à ce projet et c’est ainsi qu’il va subventionner douze maisons qu’il offre au Cardinal, impliquant une sorte de subvention.

L’idée pour l’édification de la cité est de suivre des principes mathématiques et notamment de symétrie. Deux places seront les points centraux autour desquels vont s’organiser la ville : la Place Cardinale et la Place royale, l’idée étant de lier le Roi et le Cardinal dans un projet à leurs gloires.

La plus grande rue, large de 12 mètres, est composée de 28 hôtels particuliers destinés à des membres de la Cour ou des fonctionnaires proches du Roi et du Cardinal. Afin de procéder à la construction de ces 28 hôtels particuliers, le terrain est offert et l’impôt est exempté, à la condition de construire la demeure dans les deux années. L’idée est bonne et permet de comprendre que le Cardinal veut sa ville au plus vite comme une ancrer solidement son pouvoir et sa représentation. Parallèlement à la ville, le Château est construit pour devenir le plus grand de France, avant Versailles qui n’est pas encore construit. Le Château est bâti sur un axe de 3 kilomètres, on y accède par une avenue plantée d’arbre qui donne à l’entrée monumentale en demi-lune. La cour du Château est entourée de trois façade au style renaissance. Pour accéder au Château, une porte monumentale est érigée sur deux étages et coiffée d’un dôme imposant sous lequel est posée une statue de Louis XIII à la romaine. La richesse des décors intérieur font toujours la légende d’un lieu d’exception pour un personnage d’exception, un serviteur de l’État ayant de le goût artistique et voulant créer sa légende. 

Le projet est véritablement extraordinaire et sera finalisé 10 ans avant la mort du Cardinal, qui n’en profitera sans doute que peu.

En 1642, le Cardinal décède et déjà les grandes familles quittent la cité, jugée trop éloignée de la capitale. Malgré tout, les héritiers du Cardinal vont moderniser la cité au fur et à mesure du temps et la population ne fera que s’accroître, rendant la cité prospère.

 

Richelieu, lieu de troubles

A la Révolution française, le Château est saisi du fait que son propriétaire, le cinquième Duc de Richelieu soit à l’étranger. Il est vidé de la totalité de son mobilier qui sera vendu ou saisi par l’État pour aller au Louvre. En 1805, le Château est rendu à son propriétaire, il est intact mais fût inhabité et le Duc de Richelieu décide de le vendre à un marchand qui va le démolir et en revendre les pierres. La destruction prend fin en 1835. Dans les décombres surgit une merveille, la merveilleuse statue de Louis XIII sculptée par Guillaume Berthelot pour l’entrée du Château bien qu’abimée peut-être sauvée, elle est aujourd’hui conservée au musée Sainte-Croix de Poitiers.

Parallèlement, des œuvres d’arts acquises ou commandées par le Cardinal sont encore présente dans nombres de musées français, notamment le musées des beaux-arts d’Orléans qui présente une salle dédiée aux œuvres du Cardinal.

Avec la Révolution, les privilèges de la noblesse sont balayés et avec eux les privilèges de la cité de Richelieu et notamment en terme financiers. Ainsi, assez vite l’argent nécessaire à l’entretien de la ville va manquer et l’on assiste à un déplacement d’une partie de la population vers d’autres villes plus prospères.

Si la ville est en partie adaptée aux exigences modernes, son plan ne change pas et elle demeure telle qu’elle fût voulue et érigée.

La cité de Richelieu est une véritable plongée dans le XVIIIème siècle et sans doute un exemple unique et riche d’une architecture complète de l’époque.

A l’époque, nombre de personnes d’importances de Cours étrangères viendront admirer l’architecture française à Richelieu, c’est dire l’importance et la beauté du leg du Cardinal.

Enfin, l’on peut sans doute supposer que la merveille du Cardinal de Richelieu aura inspirer l’idée du Roi-Soleil qui va édifier un Château merveilleux mais également construire autour une cité rayonnante.

Chronique écrite par Pépite 1991

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