L’Histoire du Roi René, est celle d’un de ces personnages que le romantisme s’est emparé afin d’en vanter tous les mérites d’un prince vertueux et vaillant ! Mais que savons-nous réellement de la réalité de son règne ? Là repose encore quelques mystères… Les historiens qui s’aventurent à exhumer les différentes archives posent chaque jour un nouveau regard sur ce personnage emblématique de l’Anjou ! Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir 3 petites anecdotes sur René d’Anjou.
Fils cadet de la Maison d’Anjou
René d’Anjou est né le 16 janvier 1409 au Château d’Angers. Pendant très longtemps, certains ont prétendus qu’il est né dans le logis royal que nous pouvons aujourd’hui apercevoir dans la cour du Château, mais il n’en n’est rien ! Ce logis venait à peine de sortir de terre et était destiné aux gens d’armes des ducs afin d’en contrôler l’accès à la seconde cours, principalement réservée à la famille princière. Cependant, tout laisse croire que René naquit dans le palais comtal dominant la Maine…
René était le second fils de Louis II d’Anjou et de Yolande d’Aragon. La famille était déjà bien comblée par la présence d’un fils ainé, Louis III d’Anjou, ainsi que Marie d’Anjou, future reine de France. A sa venue René n’avait donc hérité que du titre de comte de Guise et n’était point destiné à ceindre titres et couronnes. La mort de son frère Louis III en 1434, propulsa René à être investi de toutes les successions de la Maison angevine.
Renatus : René
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les ducs d’Anjou ont décidé d’appeler leur fils René ? Car dans la royauté ce n’est pas un prénom bien répandu ! Voici donc l’origine de son prénom…
Au VIème siècle, Maurille, évêque d’Angers, avait laissé mourir un enfant sans lui conférer la grâce du baptême. Face à sa faute, Maurille pris la décision de quitter son diocèse. Il s’en alla sans un mot en Angleterre vivre en pauvreté. Attachés à leur prélat, les Angevins décidèrent de partir à sa recherche. Lorsqu’ils eurent trouvé, ils le supplièrent la faveur du retour… Maurille attendri revint à Angers. Là, sur la tombe de l’enfant mort, Maurille supplia à son tour le Ciel la grâce d’une résurrection. Le Ciel l’écouta et l’enfant naissait une seconde fois : Re-natus ! René fut à son tour évêque d’Angers puis canonisé.
Les Angevins du XVème siècle avaient donc une dévotion particulière pour Saint Maurille et Saint René. Et on le sait aussi les ducs d’Anjou étaient très attachés à la culture religieuse angevine. Les historiens pensent que Louis d’Anjou et Yolande d’Aragon ont souhaité « popularisé » les cultes des saints angevins à travers ce geste.
Le « Bon Roi René »
René d’Anjou est très connu aujourd’hui comme étant « le Bon Roi René » ! Nous ne savons pas à quel moment ce « titre » lui fut véritablement accordé… Toutefois, les historiens pensent que c’est un demi-siècle plus tard, sous la plume de Jehan de Bourdigné, chroniqueur du XVIème siècle, que ce titre lui fut accordé :
« L’on ne se doit esmerveiller, vu les libéralités, vertu, débonnaireté, douceur et autres dons de grâce dont estoit rempli icelluy noble roi, si les Angevins eurent grand regret et tristesse de le veoir absenter d’eulx car, en le perdant, ils perdoient leur joie, support et bonne fortune. Et ne vit-on jamais ville plus étonnée que fut la ville d’Angiers après qu’il en fut dehors. Et bien appert la bonne amour et véhémente affection que les Angevins avoient à ce bon roi. Et pour conclusion, oncques prince n’aima tant sujets qu’il aima les siens et ne fut pareillement mieux aimé et bien voulu qu’il estoit d’eux… »
Jehan de Bourdigné
Les archives sont réelles et de son vivant, certains témoignages rapportent toute l’humanité du Roi René ! Sa bonté parait être sans égal à d’autres princes plus sévères. En voici pour preuve l’histoire d’un pêcheur : Michau Enquetin.
Dans la Doutre, sur le pré de la Savatte (aujourd’hui Quai de la Savatte), Michau Enquetin et sa famille avaient demandé à s’installer sur des terres appartenant au domaine ducal moyennant un loyer annuel. Ce dernier pensait que le produit de la Maine lui permettrait de vivre. Mais au contraire, il s’était endetté et n’arrivait pas à payer l’adjudication qu’il devait auprès du duc d’Anjou. La Chambre des Comptes angevine s’abattait ainsi sur lui et sa famille…
Las et désespéré, Michau Enquetin s’en alla quérir audience auprès de René qui le reçu en simplicité. L’audience terminée, les archives nous apprennent que René d’Anjou pris en charge les dettes de son sujet contre un don en nature puisque Michau Enquetin avait obligation de ramener au 1er mai, fêtes de Saint Philippe et de Saint Jacques, des platelées d’ablettes – un poisson bien médiocre – afin de les offrir au duc.
Michau Enquetin, s’acquitta de son obligation en ramenant au Château des platelées d’ablettes. Le Roi René appréciant grandement ce geste institua que se renouvelle chaque 1er mai la remise des platelées d’ablettes. Après la mort de Michau Enquetin cette coutume fut maintenue par ses fils envers les gouverneurs de l’Anjou. Puis, quand ils cédèrent le pré de la Savatte aux religieux des Carmes, ces derniers poursuivirent la coutume jusqu’à la Révolution ! Car les coutumes féodales, malgré les mutations et les évolutions du temps, survivaient aux hommes et aux siècles…
Légende ou pas, cette petite histoire nous dresse, oh combien le Roi René était vraiment un « Bon Roi » !
S’il vous vient à l’esprit de visiter Angers et son centre historique ! Ouvrez l’œil à tous les petits détails : Admirez le Palais Comtal où René d'Anjou vit le jour, visitez la Cathédrale où il fut baptisé et surtout… prenez un café sur le Quai de la Savatte !
Photos et texte écrit par Kevin Siao, alias @Andegavensis. Suivez-le sur Instagram !