René d'Anjou

C’est par la gloire que nous vous proposons cette « biographie » synthétique du Roi René d'Anjou à travers son héritage. Elle se veut, bien évidemment, non-exhaustive tant l’empreinte laissée à la postérité est dense et complexe à saisir ! Toutefois, la réalité politique, sociale, culturelle... sont autant de portes d’entrée pour écrire la vie de cette figure angevine, de ce prince non moins puissant et redouté...

 

René d’Anjou : A la gloire de la Maison d’Anjou

Janvier 1409... Alors que le cœur de la France battait d’épuisement par la Guerre avec le Royaume d’Angleterre, un prince naquit à la faveur de l’hiver. Quelques heures après avoir vu le jour, la cour angevine brava le froid depuis le Château d’Angers à la cathédrale Saint-Maurice pour y faire « renaître de l’eau et de l’esprit » : René !

 

Fils de Louis II d’Anjou et de Yolande d’Aragon, René d'Anjou fut le fils cadet d’une famille princière qui revendiquait mille et une grandeur à travers l’Europe ! Déjà les Anjou avaient régné sur un empire inégalé par la puissance des Plantagenêts, avaient ceint la couronne des royaumes de Naples et de Sicile, de Pologne et de Hongrie, où même régné sur la Jérusalem terrestre... Alors, lorsque René fut propulsé sur l’échiquier politique d’un XVe siècle marqué par les luttes princières, il ne devait rêver que d’une chose : la gloire de la Maison d’Anjou !

 

René d’Anjou : puissant prince, duc de Bar et de Lorraine...

Comme tout homme de son rang, c’est bien sûr le sang royal qui le distingue des autres princes du royaume, car la Maison d’Anjou est avant tout une branche de la descendance d’Hughes Capet. Son héritage, florissant de titres majestueux, laisse imaginer qu’il était un homme puissant : René, « par la grâce de Dieu », roi de Jérusalem, de Naples et de Sicile, duc d’Anjou, de Bar et de Lorraine, comte de Provence et de Forcalquier…

Mais en réalité, il n’en était rien ! Ce fut par la force du destin et par les conventions princières qu’il hérita de cette titulature royale ainsi que des ambitions familiales. Sa venue au monde l’avait pourvu des seuls comtés de Guise ainsi que des terres de Chailly et de Longjumeau en Île-de-France : un piètre héritage, celui dévoué à un cadet !

Mais pour ses enfants, Yolande d’Aragon joua un rôle prédominant. Afin d’accroître les titres de son fils pour la magnificence de la dynastie elle rusa à maintes reprises. Alors de manière habile et diplomatique, elle veilla à la prospérité angevine et tourna dans un premier temps son regard vers le duché de Bar, une seigneurie de choix entre la Lorraine et la Bourgogne. Son oncle maternel, le cardinal-duc de Bar, prince de l’Église, n’avaient aucun héritier à qui transmettre le duché. Yolande d’Aragon fit valoir auprès de ce dernier l’importance de la succession par les liens du sang et proposa l’adoption de René. Le cardinal-duc hésita grandement, car les représailles pourraient être bien fâcheuses... La duchesse angevine stratégique rétorqua en plus d’une adoption pour le duché de Bar, une alliance avec la Lorraine. Là, tous les espoirs reposaient en raison de toutes les luttes incessantes entre les duchés de Bar et de Lorraine ! Le cardinal-duc n’eut pas à réfléchir bien longtemps qu’il adopta René. De son noble sceau, Yolande pris acte :

« Comme très révérend père en Dieu, notre très cher et rès amé oncle, messire Louis, cardinal-duc de Bar, marquis du Pont et seigneur de Cassel, mû de singulier amour et affection envers nous... a eu propos et volonté d’instituer son héritier universel au dit duché de Bar et marquisat du Pont, notre très cher et très amé fils second, René, comte de Guise... »

En 1419, le cœur maternel de la duchesse souffrit le départ de son fils alors à peine âgé d’onze ans. René devait désormais être élevé au sein du duché de Bar. L’année suivante, au mois d’octobre 1420, René fut marié à Isabelle de Lorraine. Le dessein d’une alliance qui devenait réalité réjouissait les ducs de Bar et de Lorraine. De cette union, plusieurs enfants firent leur entrée dans le monde !

 

René d’Anjou : roi de Jérusalem, de Naples et de Sicile...

En 1434, le frère ainé de René d'Anjou, Louis III d’Anjou, fut emporté par la malaria à Cosenza, en Calabre. René, prisonnier à Dijon des mains de Philippe le Bon, se voyait élevé de rang de prince à celui de roi. Déjà duc de Bar et de Lorraine, il fut désormais roi de Jérusalem, de Naples et de Sicile ! Dans un XVe siècle spectaculaire, René fut sans doute la tête la plus couronnée d’Europe.

Depuis sa prison bourguignonne, il dépêcha son épouse, Isabelle de Lorraine, qui était en Provence. Cette dernière avait bien conscience des enjeux et avait pris les devants afin d’empêcher Alphonse d’Aragon de riposter. Car la péninsule italienne était une querelle opposant les Angevins aux Aragonais. Tout au long de son règne cette querelle demeura intacte ! Mais René pouvait avoir une confiance aveugle en son épouse...

Isabelle négocia hommes et navires afin d’assurer ce qui de droit revenait à son époux. Elle mit toute son énergie dans cette entreprise. En 1437, René d'Anjou fut libéré de ses chaînes et c’est qu’à partir de là qu’il mit les voiles vers son royaume italien ! Isabelle de Lorraine alors à Naples, avait affrété vers Marseille trois navires à l’attention de son époux : la Doria, la Spinola et la Corsa. Il fallait faire vite, car la menace aragonaise se faisait sentir... Coûte que coûte les princes angevins ont défendu ces droits qui leur étaient dévolus depuis deux siècles déjà. Mais la malchance sans doute pesait sur René, il fut le dernier des princes angevins à ceindre la couronne péninsulaire tant convoité par ses ancêtres.

Toutefois, de tout cet héritage et ses titres éparpillés à travers l’Europe - prestigieux et jalousés assurément l’ont-ils été aux yeux des princes - la grandeur de la Maison d’Anjou fut à maintes reprises assurée ! Par son gouvernement, par ses liens de sang avec les rois de France, par son élégance, mais surtout par son goût pour les Arts et les Lettres, le roi René manifesta un goût raffiné. D’ailleurs, certains historiens rapportent aujourd’hui que ce goût du raffinement est indissociable de sa diplomatie...

 

A la grâce des Arts et les Lettres...

A partir des années 1440, René d'Anjou est de retour sur ses terres françaises. L’aventure italienne est bel et bien derrière lui mais le titre demeura ! Partout ce dernier fut encore appelé par son entourage : le roi de Sicile.

Un roi se devait de faire bonne figure ! Alors, sur ses territoires - duchés et comtés - René ne lésina pas sur les moyens et souhaitait mettre à profit tout ce qu’il fallait pour embellir ses demeures. De plus, influencé par les Arts et les Lettres, il se porta mécène de plusieurs artistes à qui il fit commande de multitudes de chefs-d’œuvre. Il favorisa aussi la mobilité de ces derniers dans tous ses états. L’Art devait être une manière de magnifier sa grandeur.

En outre, l’on dit d’ailleurs qu’il écrivait. « Le Mortifiement de Vaine Plaisance » ; « Livre du Cœur d’Amour Épris » ; « Le Traité des Tournois »... autant d’ouvrages qui aujourd’hui sont le témoignage de son élégance. A travers ses ouvrages, de facture royale, René se met en scène, médite... Mais surtout se souvient !

 

« Bien des hommes m’envièrent ma force,

Je fus à plusieurs pas où fort on recriait,

Mon cri par vaillance qui en moi se trouvait...

Or est venu le temps que le dieu d’Amour m’a

En personne ajourné à venir par deçà.

Comme son prisonnier lui faire obéissance. »

- Livre du Cœur d’Amour Épris

 

Tout au long de sa vie, René d'Anjou, comme ses parents avant lui, avait le regard tourné vers le destin de la France. Mais il est également vrai que la deuxième partie de vie de ce prince et roi a été marquée par des péripéties bien ardues. Il vécut près d’un siècle et a donc été imprégné par les mutations du XVe siècle ! Les historiens affirment également qu’il fut l’un des derniers témoins du Moyen Âge. Et pour cause, le monde basculait dans une ère nouvelle à laquelle les institutions immuables restent les voies célestes !

Dans les années 1470, coup de théâtre, son neveu, Louis XI alors roi de France, lui confisqua tous ses biens, ne lui laissant que ses titres pour « paraitre » et le comté de Provence pour retraite ! Il organisa les choses afin qu’à la mort de René d'Anjou, tous les états angevins soient définitivement rattachés à sa couronne !

Soit, René retiré de la vie mondaine s’adonna depuis ses terres méditerranéennes, où il fut accompagné par de « bons compagnons d’esprits délicats, de gens de talent », au plaisir des Arts et de la pensée, jusqu’en juillet 1480, lorsque la divine Providence décida qu’il fut ôté de la vie terrienne...

 

Chronique écrite par Andegavensis. Suivez le sur Instagram

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En bref :

Fils cadet de Louis II d'Anjou et de Yolande d'Aragon, René d'Anjou dit le « Bon Roi René » nait en 1409 au Château d'Angers.

Nom : René d'Anjou
Surnom : Bon Roi René

Naissance : 16 janvier 1409
Mort : 10 juillet 1480

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