L’Affaire des Placards

Rendons-nous au sein du XVIème siècle, François Ier est alors Roi de France et de Navarre. A cette époque, les monarques français et la cour se partagent majoritairement entre Paris et le Val de Loire, le Roi y fera construire son œuvre : le Château de Chambord.

 

La Réforme

L’Europe du XVIème siècle voit s’améliorer les conditions de vie du tiers état avec le renforcement des échanges commerciaux, qui implique l’émergence d’une bourgeoisie qui prétend rivaliser avec l’orgueilleuse noblesse courtisane.

Le siècle précédent a vu naître l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. Cette invention va permettre la diffusion des textes chrétiens qui devraient permettre cultiver le « petit peuple ». Si une certaine couche de la populaire sait lire le latin et le français de l’époque, ce n’est pas le cas de tout un chacun, ainsi le livre, qui se répand, est un nouveau marqueur social.

En France, la religion catholique est prônée par le Roi et les dignitaires du Clergé, qui représentent avec la noblesse un élite sociale et sociétale.

Le 31 octobre 1517, le moine Luther affiche sur la porte de son église un ensemble de 95 thèses qui dénoncent l’Église et surtout sa hiérarchie qui vit selon des principes et un confort qui vont à l’opposé de la vie du Christ qui est décrite dans les évangiles.

Le Saint-Siège et les Princes allemands se croyant tout puissants ne condamnent que tardivement les propos de ce moine dissident. Considérant que les fidèles n’ont pas besoin de l’Église pour s’adresser à Dieu, il condamne la « rouge prostituée de Babylone » (Rome).

Ce faisant, Luther propose aux fidèles une autre pratique de la religion chrétienne : c’est la naissance du protestantisme. Un homme seul va donc, par sa dissidence, créer un nouveau courant chrétien et va impacter la société de l’époque : des prêtres se marient, les moines quittent leurs abbayes, … Ce mouvement va au-delà des frontières allemandes et c’est l’heure tout entière qui va se déchirer sur cette épineuse question.

L'Affaire des Placards. Persécution des protestants durant le règne de François Ier, en 1534 Gravure sur cuivre de Matthäus Merian l’Ancien (1593–1650)

Persécution des protestants durant le règne de François Ier, en 1534

Gravure sur cuivre de Matthäus Merian l’Ancien (1593–1650)

 

L’Affaire des Placards

Alors que le protestantisme gagne une partie du Royaume, François Ier ne réagit pas : la religion lui importe peu et il laissera une certaine liberté religieuse à son peuple. Cependant, les théologiens de la Sorbonne ne sont pas du même avis, ainsi les protestants vont être considérés comme des hérétiques et subiront le sort des sorcières : le bûcher. Nombre de moines vont subir le bûcher sans que le Roi ne se mêle de l’affaire.

Bien que le pouvoir royal laisse faire, il ne pense pas que les protestants soient nombreux et ne lance pas d’investigation, c’est un véritable déni royal.

Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1534, des placards sont affichés dans nombres de villes : Paris, Tours, Orléans, … Ces fameux placards sont des textes imprimés à vocation d’informer le peuple sur des faits publics. Les protestants iront plus loin cette nuit-là : un placard sera imposé sur la porte de la chambre du Roi alors au Château d’Amboise.

Alors qu’ils pensent gagner la faveur de la France, ils s’attirent les foudres du Roi. Le placard sur la porte du Roi sera considéré comme un véritable affront, un acte de rébellion qui devra être condamné.

En effet, le texte est assez vitupérant et s’intitule : « Articles véritables sur les horribles, grands et importables abus de la messe papale, inventée directement contre la Sainte Cène de notre Seigneur, seul médiateur et seul Sauveur Jésus-Christ ».

Dans leur démarche, les protestants ont oubliés que François Ier est Roi de France « par la grâce de Dieu » ainsi le Roi ne pourra rester passif face à cette action. Dans les villes du Val de Loire, l’on peut voir des avis indiquant que 200 écus sont promis à toutes personnes qui dénoncent les auteurs des placards, ceux qui les ont imprimés et ceux qui les ont imposé dans les villes.

Le Parlement rassemble une commission qui devra juger des productions dites protestantes et de la possibilité ou non de les permettre, c’est donc cette affaire qui fait naître la première censure.

Alors que des protestants sont envoyés au bûcher, le Roi réaffirme son attachement à la religion catholique et les bienfaits qu’il en découle. Il faudra la fuite de Jean Calvin pour apaiser le Roi et en arriver à l’amnistie générale.

La question des protestants reste néanmoins latente, l’intolérance reprendra le dessus à la mort d’Henri II et conduira aux guerres de religions qui dressera le peuple contre lui-même et le poussant à avoir une réflexion sur la question religieuse.

La question religieuse ne cessera plus de diviser et elle sera l’une des causes de la Révolution française jusqu’à ce qu’en 1905 soit promulguée la Loi de séparation de l’Église et de l’État.

 

Chronique écrite par Pépite 1991

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Photos de la Salle du Conseil Château Royal Amboise ©J'aime le Val de Loire ❤️ - Pépite 1991