Durant trois été consécutifs à partir de 1890, Camille Claudel et Auguste Rodin viennent en Touraine chercher le calme et l’inspiration. Avec son moulin, son parc et ses jardins, le couple d’artistes a trouvé un véritable havre de paix à l’Islette, Château typique de la Renaissance, construit au 16e siècle sur les rives de l’Indre, à Azay-le-Rideau.
Alors chargé de créer une statue de Balzac, Rodin voulait s’imprégner des lieux où vécu l’écrivain. C’est ainsi que le couple a découvert la Touraine, l’Islette et le sosie de Balzac : un conducteur de diligence, un certain Estager. Balzac lui propose de poser pour lui. Nu. Estager refus, puis finalement accepte. Rodin est généreux, alors… Quant à Camille Claudel, elle s’inspire de Marguerite Boyer, la petite-fille de la propriétaire du domaine, qui posera 62 heures.
L’été 1892 voit naître le Balzac de Rodin. Claudel sculpte La Valse en réponse au Baiser de Rodin. Cette sculpture met en scène un couple de danseurs emporté par la passion. Différentes versions ont existé. La dernière respectera les règles de la société de l’époque : Camille abandonne la version dénudée, ne correspondant pas aux bonnes moeurs, et habille les personnages pour les offrir au regard du public.
SI La Valse symbolise les tourments de Camille, La Petite Châtelaine renoue avec la tradition du portrait d’enfant. L’artiste prouve ici tout son talent dans le travail de la matière, notamment la chevelure qui laisse filtrer la lumière. Un vrai défi technique. Camille montre ainsi sa volonté de se singulariser par rapport à Rodin. Le couple vient de vivre leurs moments les plus heureux. Camille Claudel sait que ce sont les derniers.
Chronique écrite par Muses de l'Hart
Photo de couverture : portrait de Camille Claudel et Auguste Rodin au Château de l’Islette © J'm le Val de Loire ❤️