Le 30 novembre 2000, le Val de Loire entre sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Cette inscription est en partie liée à la richesse architecturale de cette terre richesse de Châteaux, d’histoire et de demeure témoignant de la Renaissance.
De façon générale, la Renaissance naquit en Italie, à la fin du XIVème siècle, où l’on redécouvre l’antiquité dans ce qu’elle a de plus majestueux, notamment en termes d’architecture et d’idées.
Les historiens s’accordent généralement pour dire que la Renaissance en France commence en 1470, avec la première presse d’imprimerie installée à la Sorbonne, et prend fin en 1610, à la fin du règne d’Henri IV.
Alors que le Val de Loire est le siège du pouvoir royal et de la cour de France, on y trouve de nombreux rappels de la Renaissance.
François Ier, un Roi de la Renaissance
Le règne de Charles VIII voit naître un conflit profond avec les États Pontificaux et les principautés Italiennes. Le Roi Louis XII prend Milan en 1499 mais devra le rendre après la défaite de Novare, le 13 juin 1513.
Le 25 janvier 1515, François Ier est sacré Roi de France. S’il hérite de son père l’idée d’une France forte et prépondérante en Europe, il hérite également de son envie sur l’Italie et ses riches provinces.
Il faut dire que la prétention au Duché de Milan est réelle : l’arrière-grand-mère de François Ier n’est autre que Valentina Visconti, la fille d’une famille qui règne sur le duché de Milan depuis 1277.
Ayant réunit 30 000 hommes, François Ier marche sur le Duché et obtient la plus célèbre victoire de son règne : la bataille de Marignan, les 13 et 14 septembre 1515. Il conserve la souveraineté du Duché jusqu’en 1525, date où son armée subit une lourde défaite à Pavie.
François Ier, alors Duc de Milan, a sous les yeux la Renaissance Italienne. L’architecture, bien que reprenant les canons antiques, semble tout à fait novatrice dans le fait essentiel qu’elle bannie l’aspect défensif et sombre des vieux châteaux féodaux et va faire entrer la lumière dans la vie intérieure. S’ajoute à cela, des jardins qui sont splendides et où va trôner des sculptures aux traits antiques qui semblent annoncer un nouvel âge d’or de la culture et des arts.
François Ier entend profiter de cette Renaissance et c’est donc assez naturellement qu’il va la transporter en France, sur ses terres du Val de Loire.
La Renaissance c’est également un mouvement littéraire et artistique : l’humanisme, dont l’idée est de répandre la tolérance, la liberté, la beauté de l’humanité, idées qui furent depuis des siècles simplement accordées aux figures saintes et divines.
La Cour de François Ier se déplace entre Chinon, Tours, Amboise et Blois, et va accueillir nombre d’artistes flamands mais également de grands artistes italiens comme Jean Clouet, Léonard de Vinci, Le Primatice, Rosso Fiorentino, … Cette Cour Renaissante et humaniste sera l’un des grands prestiges de la France et sans doute l’une des plus belles victoires du souverain.
Aile Renaissance François Ier - Château Royal de Blois
Pendant que cette Cour déploie des idées, des œuvres et bientôt va marquer son empreinte dans la pierre, nombres de familles d’importances vont venir s’installer dans le Val de Loire pour profiter des idées progressistes de cette Cour faite de lumière et de grandeur.
A cette époque, Tours verra donc arriver quelques grandes familles du Royaumes, telle les Beaune-Semblançay, les Bohier ou encore les Briçonnet.
Le Val de Loire et ses exemples de la Renaissance architecturale
Le Val de Loire est en effet un témoignage à ciel ouvert de la Renaissance. La pierre de Tuffeau va par sa couleur si particulière venir ajouter de la lumière et mettre en évidence les lignes architecturales de la Renaissance héritées du monde antique.
En 1499, Thomas Bohier acquiert le domaine de Chenonceau. Entre 1513 et 1521, il va donner un nouveau souffle à ce Château en bâtissant le petit châtelet dans un style très novateur où le décorum est au centre du projet. Il reprend l’idée des anciens châteaux avec un plan carré flanqué de quatre tours. La modernité du projet réside dans les puissantes fenêtres, dont sont bardées les quatre faces du château. Le Château de cette époque n’enjambe pas le Cher mais reste néanmoins un joyau que l’on peut toujours admirer, et notamment le corridor voûté que l’on peut toujours emprunter lors de la visite de ce Château.
Château Royal d'Amboise
Amboise est également le siège de la Renaissance. Outre l’évolution du Château Royal, l’embellissement du Château-Gaillard est à signaler. Un ensemble architectural complet va émerger tout fait de géométrie de l’antiquité, de finesse et d’harmonie qui va se rapprocher des plus belles villas italiennes de l’époque.
Nombres de Châteaux auront également été bâtis dans le style Renaissance comme celui de l’Islette, de Villesavin ou encore Azay-le-Rideau bâti par Gilles Berthelot trésorier de France et Maire de Tours.
Château d'Azay-le-Rideau
François Ier n’est pas en reste dans la construction. Pour son premier chantier, il décide de marquer le Château de Blois de son empreinte en y bâtissant une aile qui porte aujourd’hui son nom. Elle est très marquée de la Renaissance française car elle est un juste milieu entre le style gothique et la Renaissance Italienne. En effet, on y retrouve un aspect horizontal de ligne très italien et un aspect vertical dans les fenêtres qui est beaucoup plus français. L’asymétrie et la géométrie des éléments sont de mises et la tour escalier vient encore renforcer cet aspect majestueux, faisant montre de richesses et de pouvoir.
Blois, c’est également les loggias de cette aile François Ier où le noble visiteur reçu par le Roi va pouvoir se promener, protéger des intempéries, avec une vue formidable sur les splendides jardins renaissance, aujourd’hui disparus.
Les jardins d’ornementations, vergers ou potagers sont très populaire à la Renaissance et la cour aura son expert : Pacello de Marcogliano. Cet italien va réaliser des merveilles à Château-Gaillard, qui fera office de pépinière pour le parc du Château Royal d’Amboise, il y aurait poussé les premiers orangers de France. Il va également doter Blois d’un magnifique jardin dont seul nous sont parvenus des plans et quelques croquis : sans doute l’un des plus remarquable de l’époque. En termes de jardins, il nous faut signaler le Château de Villandry dont les jardins renaissance ont été recréer. Une magnificence de chaque instant peu importe où l’œil se pose, un calme et une sérénité toute faite d’humanisme.
L’on ne peut évoquer la Renaissance sans parler de l’une de ses œuvres emblématiques : le Château de Chambord. Fantasme de François Ier, Chambord sera une merveille assise sur des marécage, un bijou dans un écrin de forêt, un domaine de chasse flanquée d’une lubie royale qui sera exhibée pour impressionner le visiteur étranger et l’assurer de la puissance du royaume de France, comme ce sera le cas pour Charles Quint. Dominique da Cortona, Pietro Caccia, … et peut être même Léonard de Vinci ont œuvrés pour faire naître cette volonté royale en y incrustant les caractéristiques de la Renaissance : des éléments géométriques d’une finesse inégalée, des caissons intérieurs d’une grande finesse, un escalier à double révolution, …
Château de Chambord
Majestueuses sont ses demeures construites mais la Renaissance va également toucher les villes et les nombres bourgeois qui se feront construire des demeures pour faire étalage de leur richesse tel l’Hôtel Goüin de Tours, le plus beau témoignage Renaissance de la ville bâti par Jean Gaudin, l’un des maires de Tours. Loches va également être dotée de logis renaissances qui valent le détour. L’on retrouvera également quelques bâtiments officiels comme l’hôtel de Ville d’Orléans ou surtout celui de Beaugency qui est paré de la salamandre de François Ier et des fleurs de lys royales.
La Renaissance n’est pas seulement présente dans les Châteaux et les villes, elle est également visible et notable dans les édifices religieux comme le Cloître de la Psalette de Tours et son bel escalier, les tours de la Cathédrale Saint-Gatien de Tours.
Cathédrale Saint Gatien de Tours vue depuis le Cloître de la Psalette
Montrésor possède également un bâtiment Renaissance : la collégiale Saint-Jean-Baptiste. La famille de Bastarnay, Conseillers et Gouverneurs royaux, vont établir une collégiale en leur fief à partir de 1522 dans un style typique de la Renaissance avec des colonnes, des sculptures et des bas-reliefs exposant au passant une histoire sainte, il y sera ajouté nombres de vitraux marquant l’importance du lieu.
De nombreuses collégiales fleuriront à la Renaissance au sein du Val de Loire, l’on retrouve également des marqueurs propres à la Renaissance au sein de l’Abbaye Royale de Fontevraud comme des figures géométriques sur le portail de la salle capitulaire ou dans l’aile sud du cloître.
Salle capitulaire Abbaye de Fontevraud
Chronique écrite par Pépite 1991
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