La fondation de l’Abbaye de Fontevraud

Le Val de Loire est connu de tous pour les Châteaux que l’on peut y trouver, bâti à la faveur des Rois ou des seigneurs de France. Il est aussi la terre des Abbayes et des Monastères qui y furent nombreux. De passage à Tours, vous aurez plaisir à visiter les vestiges de l’Abbaye de Marmoutier fondée en 372 par Saint Martin de Tours.

L’an 2000 voit l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco du Val de Loire, il y figure l’Abbaye de Fontevraud. Haut lieu de tourisme, Fontevraud est avant tout l’histoire d’un patrimoine extraordinaire où se mêle le Clergé, l’architecture romane et gothique ainsi que l’histoire oubliée de ses bâtisseurs et de ceux qui font vivre, de nos jours, ce lieu d’exception.

 

Le XIème siècle en France

A l’avènement du XIème siècle, la monarchie française semble plus stable qu’auparavant. En effet, en 987, Hugues Capet est sacré Roi des Francs. Ce sacre fait place à une période où le domaine royal très faible est dominé par ses puissants vassaux. Hugues Capet, l’ancien Duc d’Orléans, entend rétablir la paix au sein de son royaume. Le royaume est à cet époque dominé par des états vassaux qui entendent bien faire fléchir les décisions royales. Il se succède Robert II le pieux, Henri Ier et Philippe Ier.

Le paysage politique est dominé par Guillaume, Duc de Normandie, qui devient « le Conquérant » en s’emparant de la couronne d’Angleterre.

La période est favorable au Clergé. En effet, le Pape est considéré comme l’arbitre des Royaumes d’Europe et c’est dans ce contexte que vont fleurir de nombreux abbayes et monastères dont les richesses sont bien supérieures à celle de Rois ou de nobles qui ne cessent de s’opposer. Ainsi, c’est du fait de l’Église que vient une relative sécurité, lorsque Robert d’Abrissel fonde l’Abbaye de Fontevraud.

 

Robert d’Abrissel, un homme d’exception

L’an de grâce 1047 voit poindre au jour Robert. Il est le fils de Damaliochus et d’Orguendis, un couple de paysan résident à Abrissel, un village situé à une quarantaine de kilomètres de Rennes.

Poussés par le vif désir d’apprendre du garçon, ses parents l’orientent vers le sacerdoce qui semble être le seul espace de connaissance face à la brutalité d’une époque troublée.

Robert débute son apprentissage dans un couvent de proximité. Il le quitte rapidement pour poursuivre ses études à Paris où il fut, selon les écrits, remarqué car doté de qualité d’âme due à son érudition et à son éloquence.

Fort de ses compétences, l’Évêque de Rennes le convie à son service en tant qu’archiprêtre devenant par la même l’administrateur du diocèse, dont il soignera efficacement la gestion.

La mort de l’Évêque le conduisit à Angers où il devient professeur de théologie, le charisme aidant on vint écouter ses enseignements de plus loin que l’Anjou. Ayant le besoin de se retirer, une foule de fidèles le rejoint et il les guidera vers l’Abbaye Notre-Dame de la Roë dont il devint l’abbé.

Le Pape Urbain II qui allait appeler à la croisade, qui vint le rencontrer le 10 février 1096, s’écria que le Saint-Esprit parlé au travers de l’abbé et lui donna mission de se rendre dans les diocèses afin de prêcher pour la guerre contre les infidèles. Son éloquence et son charisme font que le succès est grand et nombre de convertis à sa parole le suivent jusqu’au moment où la troupe devenant trop grande, Robert stoppa le mouvement en 1098.

 

La fondation de l’Ordre de Fontevraud

L’arrêt de la troupe, en 1098, a lieu sur les terres de l’Évêque de Poitiers, Pierre II, qui en tant qu’ami de Robert lui autorise la fondation d’un nouvel ordre sur la terre de Fontevraud.

Au milieu de la forêt, Robert fait creuser des fossés pour séparer le bon grain de l’ivraie et crée un oratoire. Sa réputation n’étant plus à faire le comte de Montreuil-Bellay, Gauthier de Montsoreau et d’autres seigneurs viendront apporter vivre et nourriture à cette nouvelle communauté au service de Dieu.

Alors que les besoins physiques semblent être pourvus, Robert d’Abrissel va s’employer à régler les besoins spirituels en mettant en place une règle, une constitution de son nouvel ordre très rude, très sévère. L’origine de la sévérité de cette règle tient sans doute à l’époque barbare qui fait rage et à la profonde volonté de créer un lieu de paix loin des préoccupations du monde.

La règle est établie sur un principe fondamental qui peut nous paraître étrange pour l’époque, mais qui avaient cours dans d’autres abbayes : telle la Mère du Christ, la femme détient la place centrale, l’homme lui est soumis en toutes choses.

D’autres parts, la règle fait que les religieux doivent garder le silence et ne communiquent que par des signes. Les vêtements doivent être d’une simplicité faisant qu’elles sont de la couleur naturelle de la laine. Quant à la nourriture, il est prévu de ne pas manger de viande et de boire du vin en infime quantité. Bien que le lieu soit mixte, les hommes et les femmes, doivent être séparés pour éviter la tentation de la chair, ce qui implique que les prêtres ne peuvent se rendre au chevet des femmes malades.

Telles furent les obligations des religieux suivant l’Ordre de Fontevraud dont la dévotion devait être la seule préoccupation.

 

La fondation de l’Abbaye de Fontevraud

L’ordre de Fontevraud ainsi créer, Robert d’Abrissel comprend qu’il faut organiser la vie des religieux des deux sexes au sein de la communauté. Bien que le confort ne soit pas autorisé, il à la volonté de créer des bâtiments plus commodes à la vie quotidienne. Ayant d’autres missions, il va laisser la direction de la construction à Hersende de Champagne, veuve du seigneur de Montsoreau et à Pétronille de Chemillé, la future première abbesse de Fontevraud.

Les dons des fidèles affluent et c’est ainsi que quatre couvents verront le jour : le Grand-Moutier pour les dames instruites (300 places) ; le Magdelaine où les pécheresses ont l’occasion d’expier leurs péchés ; Saint-Lazare pour les lépreux des deux sexes et Saint-Jean-de-l’Habit pour les religieuses et religieux.

Il faut dire que l’Ordre est soutenu rapidement par les fidèles dans un monde relativement terrifiant, en témoignent les Seigneurs de Loudun, Montreuil-Bellay et de Montsoreau qui assument eux-seuls les frais d’édification du Grand-Moutier, le plus splendide des quatre couvents.

L’abbé Suger, le ministre de Louis VII le jeune, évoque dans ses lettres une communauté regroupant 5 000 personnes.

L’Ordre possède à cette époque 14 monastères répartis dans l’Anjou, la Touraine le Poitou et la Saintonge.

Fontevraud ne saurait péricliter après la mort de Robert d’Abrissel, c’est pourquoi il va choisir une abbesse capable de diriger son Ordre. Il rassemble une assemblée consultative sur la personne de Pétronille de Chemillé, qui sera choisie.

Rassuré pour son Ordre, il part faire le tour des monastères et c’est lors de la visite de celui d’Orsan que la maladie le gagne. Le 24 avril 1117, Robert d’Abrissel meurt âgé de 70 ans. Selon ses volontés, il sera inhumé à Fontevraud dans le cimetière commun après une cérémonie ou de nombreux seigneurs se déplacèrent comme le comte d’Anjou, Foulques le Jeune.

Bien que rencontrant de nombreuses embûches, Pétronille de Chemillé dirigera l’Ordre pendant 34 ans. 

Jusqu’au 2 novembre 1789, il succèdera 36 abbesses à Pétronille de Chemillé.

 

Après nous être approché de l’histoire de la création de l’Ordre et de l’Abbaye de Fontevraud, nous nous approcherons du bâti qu’est l’Abbaye et de ce que l’on peut encore y voir mais également de la « chute » de cette Abbaye.

Découvrez la suite de cette chronique : La chute de l’Abbaye de Fontevraud

 

Chronique écrite par Pépite 1991

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