Histoire de l'Hôtel Groslot d'Orléans

De passage dans la belle cité royale d’Orléans, la visite de la Cathédrale Sainte-Croix est un incontournable. Un autre lieu est un incontournable : l’Hôtel Groslot d'Orléans, sublime demeure orléanaise bâti par un bailli, fréquenté par les Rois de France et plus tard Hôtel de Ville d’Orléans.

 

Histoire de l'Hôtel Groslot d'Orléans : la famille Groslot

En effectuant des recherches l’on ne trouve que peu d’éléments sur la famille Groslot. Quelques annotations çà et là nous permettent néanmoins de brosser un portrait dans les grandes lignes de cette famille.

Il semblerait que les Groslot descendent d’une famille exerçant le métier de tanneur. Pour rappel, le tanneur est la personne qui transforme tous types de peaux animales en cuir grâce à l’usage du tannin. Le tannin ne doit pas être confondu avec la substance présente dans le vin. Ici, l’on évoque des substances issues des polyphénols qui rendent le cuir imputrescible.

Revenons à notre sujet, nous savons que Jacques Groslot, et plus tard son fils Jérôme, fût bailli d’Orléans. Le bailli est le représentant d’une autorité royale ou seigneuriale d’un territoire précis. Il est important d’avoir à l’esprit que le bailli représente l’autorité royale et peut en ce sens rendre la justice, et, dispose de moyens humains pour faire respecter l’ordre. On peut, avec prudence, rapprocher le bailli de notre actuel préfet, la réelle différence étant la taille du territoire sous autorité. 

Pour juger de la position du bailli, il convient de rappeler l’importance du Duché d’Orléans et pour ce faire évoquer les Ducs de la renaissance.

En 1465, le titre d’Orléans est offert à une branche de la Maison Royale à un certain Louis qui deviendra Louis XII. Dès lors, le titre de Duc d’Orléans sera transmis à quelques-uns des deuxièmes fils du Roi de France, et notamment les futurs Rois : Henri II, Charles IX et Henri III. Ainsi donc, être bailli du Duché d’Orléans est une position enviable de prestige et faisant partie de l’entourage des Valois.

Jacques Groslot est donc le bailli d’Orléans. Les archives permettent de retracer un évènement de sa famille ayant surgit en 1525, sous le règne de François Ier. Le sus nommé Jacques Groslot est accusé et reconnu coupable d’avoir occupé avec des gens d’armes l’Abbaye de Saint-Benoît sur Loire. Malgré tout, Jacques Groslot sera, quelques temps avant cette affaire, le Maître des requêtes de la Duchesse d’Alençon. Cette noble dame n’est autre que Marguerite de Navarre, la sœur du Roi François Ier et la grand-mère du Roi Henri IV. Par ailleurs, il dispose de l’appui de la Régente de France, Louise de Savoie, pendant la captivité de son fils le Roi François Ier, Jacques Groslot se voit donc « absous » de sa condamnation. La chronique évoque même une éventuelle possibilité impliquant que Groslot aurait agi sur les ordres de la Régente …

Jérôme Groslot succède en tant que bailli d’Orléans lorsque son père décède le 12 juin 1552.

 

Histoire de l'Hôtel Groslot d'Orléans : sa construction

Fort de sa position de bailli d’Orléans, Jacques Groslot désire se faire construire un hôtel particulier à la mesure de sa personne. Germain Rebours, propriétaire d’un terrain sur la place de l’Étape, dans l’enceinte fortifiée de la ville, construit une demeure à partir de 1530. Groslot trouvant le projet intéressant, prend renseignement et désire se l’approprier. Les tractations ne se sont pas faciles mais le 18 mai 1545, le contrat de vente est signé entre les deux parties pour la somme de 2 862 livres.

La construction débute sans doute en 1549 sous la direction de l’architecte Jacques Ier Androuet du Cerceau. Ainsi, l’été 1549 voit s’élever le corps central de la demeure et l’édification de la façade toute de pierre et de briques.

Malheureusement, Jacques Groslot décède le 12 juin 1552, et ne verra ainsi jamais abouti l’hôtel qu’il voulait tant.

De fait, Jeanne Garrault, veuve de Jacques Groslot et leurs enfants Jérôme et Henri poursuivent les travaux engagés. 

Entre 1553 et 1558 sont élevées les deux ailes de l’hôtel.

Le 30 septembre 1560, le partage des biens est effectif : Jérôme reçoit la partie centrale de l’hôtel et son frère, Henri, les deux ailes. Leur mère possède pour son vivant l’usufruit et en habitera le corps central.

 

Histoire de l'Hôtel Groslot d'Orléans : visites royales 

Le 18 octobre 1560, le Roi François II séjournant à Orléans prend ses quartiers chez la veuve du sieur Groslot. Cette prise de quartier n’est pas neutre, car Jérôme Groslot est un fervent Huguenot et la présence du Roi dans son hôtel marque sans doute une volonté d’écrasement avant l’heure.

Toujours est-il que l’installation du Roi ne sera que de courte durée. En effet, le 5 décembre 1560, le Roi François II décède au sein de l’Hôtel Groslot, dans l’actuelle salle des mariages.

Charles IX, âgé de 10 ans, succède à son frère François II. L’âge du roi implique une régence, Catherine de Médicis est donc nommée Régente de France. Ce faisant et au vu des préoccupations de l’époque la Régente convoque, le 13 décembre 1560, les États Généraux qui prendront lieu et place dans une salle organisée pour l’occasion sur la place de l’Étape, devant l’Hôtel Groslot, dans lequel le Roi, la Régente et la Cour demeurent.

Il faut attendre le 12 février 1561 pour que le Roi et la Cour quittent l’Hôtel Groslot, rendu à ses propriétaires.

Comme nous l’avons évoqué plus haut, le bailli d’Orléans, Jérôme Groslot est un Protestant et c’est de ce fait que Louis de Bourbon, Prince de condé établit le quartier général des Protestants dans la demeure des Groslot à partir du 2 avril 1562. 

Les troubles des guerres de religions apaisées, le Roi Charles IX revient à Orléans et séjourne dans l’Hôtel Groslot pour faire montre de réconciliation, ou peut-être bien soumission des Groslot et de la cause protestante.

Il est également établi avec certitude que les Rois Henri III et Henri IV séjournerons au sein de l’hôtel Groslot.

Il faut attendre 1738 pour que la ville d’Orléans acquiert l’Hôtel Groslot, pour la somme de 28 480 livres, et que l’hôtel intègre le patrimoine de la ville et devienne le lieu de l’autorité de la Généralité d’Orléans puis de la municipalité.

 

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