Avec sa célèbre galerie à deux étages qui domine le Cher, le Château de Chenonceau est l'un des fleurons de l'architecture du Val de Loire. L’histoire du Château de Chenonceau est marquée par une succession presque ininterrompue de femmes qui l’ont bâti, embelli, protégé, restauré, sauvé. J'aime le Val de Loire vous propose de tout savoir sur l’histoire de Chenonceau et ses anecdotes du Moyen-Age à nos jours.
Qui a construit le Château de Chenonceau ?
Chenonceau à l’époque médiévale
Le Château que nous connaissons n'a pas toujours existé, mais le site de Chenonceau est mentionné bien avant. Des traces attestent ainsi d'un moulin fortifié sur le Cher en 1230, ainsi que d'une forteresse médiévale datant du XIIIème siècle.
Il ne subsiste aujourd’hui que le donjon : la Tour des Marques.
Aux mains de la famille Marques, sa fonction stratégique est de contrôler le trafic sur le Cher et prélever impôts et taxes. Le Cher est alors largement utilisé dans le transport de matériaux de construction, de sel, de vin…
Victime de la guerre de cent ans, période troublée de l'Histoire, le château médiéval sera rasé et détruit en 1411, à la demande de Charles VII, le petit roi de Bourges qui doit son trône à Jeanne d'Arc.
Jean II Marques qui souhaite reconstruire un Château sur le domaine, sollicite Charles VII dans ce but. L’autorisation lui est donnée par lettres patentes en 1432.
Histoire du Château de Chenonceau à la Renaissance
La base du Château, tel que nous le connaissons aujourd'hui, date de 1513.
Chenonceau a connu une période de grande prospérité et de développement au cours de la Renaissance. Pendant cette période, le Château a été transformé en un lieu de divertissement et de culture, où se sont réunis les artistes, les écrivains et les intellectuels les plus célèbres de l'époque.
Chenonceau et Katherine Briçonnet
En 1496, Thomas Bohier, chambellan de Charles VIII, bourgeois de Tours récemment anobli, s'en porte acquéreur pour 7 374 livres tournois.
Katherine Briçonnet, épouse de Thomas Bohier et issue d’une riche famille provinciale, joue un rôle primordial et a une influence déterminante sur le style et la conception du Château de Chenonceau. C'est elle qui supervise la construction, de 1513 à 1521.
Restitution de la façade sud sur le Cher, du Château de Chenonceau vers 1555. Dessin de l'architecte Félix Roguet (1823-1888).
Chenonceau et François Ier
A la mort de Thomas Bohier et de Katherine Briçonnet, un contrôle des comptes publics met en évidence des détournements de fonds. François Ier impose alors une forte amende à leurs héritiers et Chenonceau devient alors résidence royale. Mais le roi préfère Chambord et Fontainebleau et n'entreprend pas de travaux de rénovation ou d'aménagement de l'édifice qui a alors perdu beaucoup de sa superbe.
Chenonceau et Diane de Poitiers
François 1er meurt en 1547 et son fils Henri II s'empresse d'offrir le domaine de Chenonceau à sa favorite, Diane de Poitiers.
Diane de Poitiers fait aménager sur la rive droite du Cher, le jardin qui porte son nom. Au printemps 1551, cet espace de deux hectares est protégé des inondations par une levée de terre. Le terrain est entouré de fossés, renforcé avec des murs en pierres, eux-mêmes soutenus par des contreforts en maçonnerie. Les déblais versés à l'intérieur permettent l'élévation de terrasses et la réalisation d'un parterre. Ce chantier monopolise une main d'œuvre considérable. Au début de 1552, Diane de Poitiers fait appel aux grands seigneurs et possesseurs des jardins de la Touraine pour les plantations, comme Jean Babou de la Bourdaisière.
C'est à l'architecte Philibert Delorme qu'elle confie la construction du fameux pont qui relie le Château à la rive gauche du Cher. Un pont qui existait déjà dans les plans de Bohier mais n'avait jamais été réalisé.
Les travaux commencent au printemps 1556 et s'achèvent avant la fin de l'année 1559 pour un coût estimé à plus de 9 000 livres. Mais le roi ne pourra pas inaugurer cet ouvrage, il est mortellement blessé à Paris lors d'un tournoi le 30 juin 1559.
Dessin de Chenonceau après la construction du pont en 1559 et avant celle des galeries en 1576. À gauche, le petit châtelet qui abrite un pont-levis pour accéder aux jardins de la rive gauche du Cher.
Chenonceau et Catherine de Médicis
Veuve d’Henri II, Catherine de Médicis contraint sa rivale Diane de Poitiers à restituer Chenonceau à la Couronne et à accepter en échange le Château de Chaumont-sur-Loire.
Catherine de Médicis embellit encore les jardins et poursuit les travaux d’architecture. Régente, elle dirige son royaume depuis son cabinet vert, installe à Chenonceau le faste italien et instaure l’autorité du jeune roi, François II.
En 1576, d’après les plans de Philibert de l’Orme, Catherine de Médicis fait construire, par Jean Bullant, une galerie sur le pont de Diane de Poitiers. Longue de 60 mètres, large de 6 mètres, éclairée de 18 fenêtres, avec son sol carrelé de tuffeau et d’ardoise et son plafond à solives apparentes, c’est une magnifique salle de bal. A chaque extrémité, deux très belles cheminées Renaissance, dont l’une n’est qu’un décor entourant la porte Sud qui mène à la rive gauche du Cher.
Le Jardin de la Reine Catherine de Médicis, d'environ 5500 m², est l’image même du raffinement. Donnant sur l’eau et sur le parc, ses allées permettent une magnifique vue sur la façade ouest de Chenonceau. Son dessin repose sur cinq panneaux engazonnés, regroupés autour d’un élégant bassin de forme circulaire et ponctués de boules de buis.
Chenonceau et Louise de Lorraine
Louise de Lorraine reçoit Chenonceau en héritage à la mort de son mari, le roi Henri III. Au faste du Château de Catherine de Médicis succède l'austérité de Louise de Lorraine, surnommée la “Reine Blanche", portant perpétuellement le deuil de son époux.
Oubliée de tous, elle consacre son temps à la lecture, les œuvres et la prière. Son décès marque la fin de la présence royale à Chenonceau.
Histoire du Château de Chenonceau jusqu’à nos jours
Chenonceau et Louise Dupin
Au XVIIIème siècle, l’exquise représentante du Siècle des Lumières, Louise Dupin, redonne son faste au château. Elle y tient un salon brillant et s’entoure de l’élite des écrivains, poètes, scientifiques et philosophes, tels que Montesquieu, Voltaire ou Rousseau.
Protectrice avisée de Chenonceau, elle le sauvera lors de la Révolution.
Chenonceau et Marguerite Pelouze
Préservé des destructions de la Révolution française, il va connaître une renaissance magnifique grâce à Marguerite Pelouze qui confie à l'architecte Félix Roguet, un disciple de Viollet-le-Duc, le chantier des restaurations.
Au XIXème siècle, Marguerite Pelouze, issue de la bourgeoisie industrielle, décide en 1864 de faire du monument et de son parc le théâtre de son goût fastueux. Elle dépensera une fortune à le restaurer comme à l’époque de Diane de Poitiers.
Chenonceau, hôpital militaire lors de la Grande Guerre
De 1914 à 1918, le Château de Chenonceau est aménagé en hôpital militaire. Cet espace dédié, dans la « Galerie des Dômes », rend hommage à la mémoire de tous ceux qui ont permis de soigner ici plus de 2 250 blessés, pendant les quatre années complètes qu’a duré la Grande Guerre.
Gaston Menier, sénateur de Seine et Marne, alors propriétaire de Chenonceau, décide de participer à l’effort national et propose au Ministère de la Guerre d’aménager à ses frais un hôpital militaire temporaire dans le château, et d’en financer l’intégralité des dépenses.
Sa belle-fille, Simone Menier, infirmière major, administre l’hôpital installé dans les deux galeries du Château.
Chenonceau pendant la seconde guerre mondiale
Trente ans plus tard, l’Europe est de nouveau plongée dans un conflit mondial. Le Cher, comme treize autres départements, est traversé par la ligne de démarcation séparant la France en deux parties : une zone sous occupation allemande au nord, et une « zone libre » au sud. Hasard géopolitique, le tracé de cette ligne suit le cours du Cher, qu’enjambe le Château de Chenonceau.
Lors de la seconde guerre mondiale, la grande galerie de Chenonceau devient le seul accès vers la zone libre, la famille Menier facilite alors le passage clandestin de tous ceux qui fuient la tyrannie nazie. Le président américain, Harry Truman, en fait le lieu de sa première visite en France.
Tout savoir sur le Château de Chenonceau
Chenonceau, le Château des Dames
Chenonceau doit tout aux femmes. Edifié par Katherine Briçonnet, aménagé par Diane de Poitiers et transformé par Catherine de Médicis, il est le refuge de Louise de Lorraine, la veuve d’Henri III. Il est ensuite sauvé de la Révolution par Louise Dupin, égérie des Lumières puis par Madame Pelouze, amie des artistes et mécène.
Qui est propriétaire du Château de Chenonceau ?
Le dernier changement de propriétaire dans l'histoire du Château de Chenonceau date de 1913 : l’industriel Henri Menier fait alors l'acquisition du domaine.
Chenonceau ou Chenonceaux ?
C'est à Louise Dupin que l'on attribue la différence d'orthographe entre le nom de la ville : Chenonceaux et celui du Château : Chenonceau.
Propriétaire de Chenonceau pendant la Révolution française et grande amie des villageois de Chenonceaux, elle voulut faire un geste pour différencier la royauté, dont le Château était un symbole fort, de la république. Elle aurait ainsi changé l'orthographe de Chenonceaux en supprimant le “x” final. Bien qu'aucune source n'ait véritablement confirmé ce fait, l'orthographe Chenonceau est aujourd'hui majoritairement acceptée pour désigner le Château.
L'histoire de Chenonceau en bref
Le Château de Chenonceau est un monument unique et un lieu de visite incontournable.
Remarquable chef-d'œuvre de l'architecture de la Renaissance en France, avec ses mélanges de styles gothique et Renaissance, et ses nombreux embellissements intérieurs et extérieurs. Le pont qui traverse le Cher est également un élément emblématique.
Chenonceau est aussi un lieu chargé d’une histoire riche et passionnante, incontournable parmi les Châteaux de la Loire à découvrir.
Photo de couverture Crédit Photo ©J'aime le Val de Loire ❤️ - Pépite 1991
Chronique écrite par Adrien Bourgois, fondateur J'aime le Val de Loire ❤️