L'étiquette à la Cour de France
Nos actuelles fêtes de fin d’année et celle du jour de l’an répondent à une certaine rigueur, un certain protocole qu’il soit guindé ou tout du moyen très réglé.
La Cour Royale lors de sa présence dans le Val de Loire comprend un nombre très important d’aristocrates, de militaires, de courtisans et de petites mains au service du Roi et de cette opulente Cour. Il y règne une ambiance douce en présence du Roi mais toute emplie de manigances, jalousies, voire même de violence, en coulisse. Pour assurer la sécurité du Roi, des « espions » noyautent la Cour ainsi qu’un grand nombre de catégories sociales des sujets du Roi.
La dynastie des Valois dans la tourmente
Le 1er juillet 1435, la Paix d’Arras réconcilie la France et une ère de paix semble ainsi s’ouvrir. Le Roi Charles VII peut enfin s’asseoir sur un trône stable, après la guerre contre les Anglais et les difficultés liés à la mort de Charles VI. Charles VII va tenter d’apaiser son pays en affirmant son autorité sur l’Église de France avec la Pragmatique Sanction de Bourges, en 1438, lui permettant de devenir le chef de l’Église de France. Malheureusement son règne connaîtra encore de grand défis, l’Ordonnance d’Orléans en 1439 centralise le pouvoir dans les mains d’un monarque puissant mais les grands du royaume et le Dauphin, lui-même, voient leurs prérogatives s’amoindrir et se révoltent.
Le Dauphin Louis, devenu le Roi Louis XI, reprendra l’idée de réduire le pouvoir de ses vassaux afin d’assurer la stabilité de son trône.
Le « Père du Peuple », Louis XII ira combattre en Italie et tiendra par son prestige sa Cour en laisse.
En 1515, François Ier devient Roi de France. Il hérite d’un Royaume fort qu’il viendra raffermir par une représentation royale importante. Protecteur des lettres, des arts, il est également un grand bâtisseur avec notamment le Château de Chambord bâti pour être l’écrin, la devanture de la puissance de son règne. Durant son règne, la personne du Roi va tendre à se mettre en scène comme le fera plus tard le Roi Louis XIV. Il centralise de plus en plus le pouvoir en organisant la vie de la Cour itinérante dans le Val de Loire. A cette époque, la Cour rassemble entre 5000 et 15 000 personnes. Alors que l’intendance est importante, le pouvoir est pourvu d’institutions importantes comme le Grand conseil ou encore le conseil privé, les bases de l’absolutisme mis en œuvre sous Louis XIV sont posées. Sous une forme encore primitive, il pose les bases d’un protocole impliquant un rôle à chacun et règne en faisant et défaisant la faveur royale.
Le Dauphin, futur Henri II, est en désaccord avec le Roi François Ier et s’ouvre une forte opposition qui divise la cour en deux parties qui sont représentées par la duchesse d’Étampes, maitresse de François Ier, et Diane de Poitiers, maitresse du futur Henri II.
Lorsqu’Henri II monte sur le trône, il effectue une véritable purge dans sa Cour, stabilise les institutions et affermit toujours plus le pouvoir royal qui se doit d’être incontesté. Catholiques et protestants vont s’opposer au sein de la Cour en tentant d’avoir toujours plus d’influence sur le pouvoir Royal, Diane de Poitiers, sa maitresse, lui dictera de sévères mesures de répression contre les protestants mais se sont ses fils qui auront à relever ce défi intérieur.
A la mort d’Henri II vont se succéder dans un cours laps de temps ses fils François II, Charles IX et Henri III. La France est dirigée par une forte Régente : Catherine de Médicis. L’époque est troublée par l’un des affrontements les plus sanglant de l’Histoire de France : les Guerres de Religion.
Les Princes Antoine de Navarre et Louis de Condé auront à cœur de répandre le protestantisme, il en découlera des affrontements oscillants entre trahisons et réconciliations.
Le 22 août 1572, Charles IX fait assassiner les chefs protestants lors du Massacre de la Saint Barthélemy.
Henri III établit un règlement de la Cour de France
Henri III monte sur le trône le 30 mai 1574. Il aura à gérer la poursuite des Guerres de Religion qui ne semblent jamais se tarir. Outre les problèmes religieux, il fait face à des dissensions politiques au sein de la Cour qui viennent menacer son trône, par leurs soutiens étrangers.
A l’instar du Roi François Ier, il va chercher à raffermir son pouvoir en mettant en œuvre sa personne. Renforçant l’absolutisme dans le même coup, il va durcir l’étiquette de la Cour avec l’ordonnance d’août 1578. L’objectif est énoncé dès la première phrase : « Le roy n’ayant plus rien à cœur ny plus recommandé de la reyne sa mère que de remettre ce royaume dans son ancienne forme, dignité et splendeur pour le repos et soulagement de ses subiects … »
Premièrement, il y évoque le fait que les places accordées peuvent être reprises sur son bon vouloir sans autre forme de justification. Il accentue les rôles de grand aumônier, de maitre de la chapelle, … il renforce les prérogatives et le comportement des personnages clés.
Il pose une rupture : l’appartement du Roi (chambre, antichambre et les autres salles) ne sera plus accessible à tous, des huissiers seront postés aux entrées et sorties, les clés seront confiées à de rares personnes. La chambre royale ne sera accessible qu’aux princes, grands officiers de la couronne et ceux du conseil ainsi qu’à quelques domestiques.
Il va également établir des horaires précis dans la vie de la Cour, faire évoluer les normes concernant le salaire des domestiques et leur réception, une garde accompagnera le Roi, l’organisation de la garde royale suisse est revue, des visites d’ambassadeurs millimétrée, … Il établira des listes de priorités comme dans le Conseil : Robbe courte et Robbe longue.
Détailler cette nouvelle étiquette serait fort long et plus que fastidieux mais il faut conserver à l’esprit que le Roi veut contrôler chaque aspect de la vie de sa Cour afin de ne plus avoir affaire au trouble et même à la trahison.
Henri III couche sur le papier le désir et le besoin d’absolutisme royal, qui permettra de limiter les troubles et ainsi pouvoir réformer son royaume qui en a grandement besoin tout en profitant de la vie dans un Val de Loire toujours plus brillant et amical.
Chronique écrite par Pépite 1991
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