Charles VII et l’émergence du pouvoir royal

Charles VII, le « Roi de Bourges »

Remontons le passé vers le XVème siècle, Charles VI est un Roi de France faible, devenu fou, manipulé par les Bourguignons et les Anglais. Effectivement, nous sommes en plein dans la Guerre de Cent Ans. En 1418, les Bourguignons prennent le pour pouvoir à Paris, dont le Dauphin parvient à s’échapper. Le pire restait à venir, le Roi Charles VI signe le Traité de Troyes en 1420 qui déshérite son fils, le légitime héritier de la Couronne de France, en faveur du Roi Henri V d’Angleterre.

A Bourges, le Dauphin n’est pas prêt à accepter la situation et ne reconnait pas ce Traité. Les difficultés commencent pour un Roi esseulé et presque sans argent, à Bourges, où il règne en seigneur.

Le 21 octobre 1422, Charles VI meurt. Charles VII se proclame Roi de France depuis son réduit de Bourges car si ses ennemis sont nombreux, ses alliés le sont moins.

Le miracle tant attendu arrive en la personne de Jeanne d’Arc qui va lui permettre de sauver Orléans du siège. La route de Reims sera également ouverte pour permettre au Roi d’être sacré Roi de France en la Cathédrale de Reims. La reconquête est amorcée. 

La Paix d’Arras avec les Bourguignons est une étape importante dans cette reconquête, elle laisse les mains libres au Roi de concentrer ses efforts contre les Anglais.

Charles VII retrouve les prérogatives de la Couronne et entend bien les conserver. Pour ce faire il va faire évoluer le pouvoir royal.

 

La « Pragmatique Sanction de Bourges », 7 juillet 1438

Depuis des siècles, la toute-puissance de l’Église interfère avec le libre exercice du pouvoir en Europe. Le temps des Croisades et des diverses luttes contre les religions semble être moins présent à cette époque, et ainsi l’Église perd de son influence sur les esprits.

A cette époque, le Saint-Siège possède le pouvoir de nommer les abbés, les évêques. Ainsi, par ces choix l’Église place des personnes qui lui sont fidèles à de prestigieuse fonction et obtient indirectement nombre d’impôt lui servant à conserver son rôle central.

Le Roi de France, Charles VII, venant de vivre des années d’incertitudes et de luttes entend renforcer le pouvoir royal pour instaurer la paix en son royaume. Pour ce faire, il entreprend de « soumettre » l’Église de France.

Reflexion fut faite avec les conseillers du Roi et c’est unilatéralement que le Roi établit cette « Pragmatique Sanction de Bourges » le 7 juillet 1438.

Par ce texte, il décide que le Roi est dorénavant le maître de l’Église de France, c’est-à-dire sous son entière supervision et obéissance. Les redevances versées au Saint-Siège sont tout bonnement supprimées. Le Roi Charles VII avait bien compris qu’il pouvait exercer une influence grâce à l’Église et ne se gêne pas pour utiliser ce moyen de communication et d’obéissance envers ses sujets. À partir de 1438, le Roi et ses vassaux pourront participer aux élections ecclésiastiques et cela renforce considérablement le pouvoir du Roi de France en son royaume mais également à l’extérieur de ses frontières.

Malgré tout, la soumission de l’Église de France ne peut suffire à renforcer la monarchie. Le Roi va donc changer l’approche gouvernementale de son Royaume.

 

L’Ordonnance d’Orléans, 1439

Le pouvoir du Roi s’élève avec le contrôle de l’Église. Malheureusement, le Roi est secondé par des vassaux dont les territoires et les prérogatives font qu’ils ont plus de puissance que le monarque. N’oubliant pas la loyauté plus que douteuses de certains de ces vassaux, il va réduire leur pouvoir de façon indirecte mais très intelligente.

En effet, en marge de l’armée régulière le Roi utilise les services de bandes de mauvaises gens qui sont des mercenaires. Ces derniers se comportent mal entre les batailles et effectuent des pillages, échappent au contrôle du Roi. Rappelons que l’armée royal est un assemblage de la Garde Royale et d’un assemblage de troupes seigneuriales mises à la disposition du Roi.

En 1439, Charles VII décide de la création d’une armée royale pour assurer son triomphe face aux Anglais. Dans cette armée, les mercenaires violent n’auront plus leur place mais les paysans y seront les bienvenus tout comme des membres de la Maison Royal pour les commander ou encore des seigneurs dévoués au Roi. Pour financer cette armée, il transforme un ancien impôt seigneurial en impôt royal : la taille. La taille est un impôt sur les terres et les domaines ainsi que sur les individus (de l’argent ou des « corvées »). La taille devient donc un impôt royal annuel perçut pour entretenir l’armée royal. Par ce fait, le Roi augmente son pouvoir en ayant à sa disposition une armée régulière mais dans le même temps il va contrarier ses vassaux. 

 

La Praguerie de 1440

Les travaux de 1438 et 1439 font craindre aux seigneur l’émergence d’un pouvoir royal centralisé et donc la fin de leur influence sur le monarque qui pourrait diriger seul et réduire leurs prérogatives. Ils ne se trompent pas, sans le savoir le Roi Charles VII pose les bases d’un État de plus en plus centralisé permettant à ses successeurs de renforcer le royaume, François Ier notamment, mais également d’arriver à la détention d’un pouvoir absolu comme le fera Louis XIV.

L’année 1440 marque l’engagement de grands nobles tels que le Jen II d’Alençon, Jean IV d’Armagnac, Charles de Bourbon ou encore le propre fils du Roi : le Dauphin Louis.  Charles VII prend la tête des troupes royales et finit par vaincre les rebelles, en juillet 1440. Cette nouvelle crise déstabilise le Roi qui va poursuivre ses efforts pour l’affermissement du pouvoir royal en grâciant les rebelles. Malgré tout, son fils restera loin de lui occuper au gouvernement du Dauphiné.

A la suite de ces évènements, le Roi crée des compagnies permanentes à partir de 1445.

En mars 1448, c’est à la faveur de ses troupes que le Roi reprend le Mans en mars. Il avait pu diriger les troupes depuis le Château de Lavardin.

Pour conclure, le Roi Charles VII comprend les nécessités qui l’entoure pour assurer sa propre sécurité et celle de son royaume et c’est dans cette optique qu’il ne va cesser de raffermir le pouvoir royal tout au long de son règne. Le pouvoir absolu du monarque est déjà d’actualité au niveau de l’armée et de l’Église, la construction de l’État prendra encore quelques siècles.

 

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Chronique écrite par Pépite 1991

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